Skip to content

Février 2022

© Nicolas Burgeff
© Nicolas Burgeff

Rachele Gusella

 

Des sphères géantes en métal blanc m’attendent à la gare

Il y a une gare qui goûte le chocolat ici

Et sa nature est la culpabilité

 

Des sphères géantes en métal blanc me regardent partir

L’autoroute me parle

À côté

Des aiguilles vertes

En construction

 

Des sphères géantes en métal blanc

Me chuchotent des mots doux

Il y a un ascenseur ici qui goûtait le café

Et son arôme était aussi fort

Que celui d’un cadavre

 

 

 

Des sphères géantes en métal blanc

M’accueillent à la gare

Elles sont des containers

Nuancés à la rose

 

Il n’y a que moi qui pense

Qu’ils sont jolis

Aux fleurs de la route

Il n’y a que moi qui pense

Qu’ils sont en fuite.

 

----------

 

Delle sfere giganti di metallo bianco mi aspettano alla stazione

Ci sta una stazione che ha il gusto di cioccolato qui

E la sua natura è la colpa

 

Delle sfere giganti di metallo bianco mi guardano partire

L’autostrada mi parla

Accanto

Le guglie verdi

In costruzione

 

Delle sfere giganti di metallo bianco

Mi sussurrano delle parole dolci

Ci sta un ascensore qui che sa di caffè

E il suo aroma era forte

Come un cadavere

 

Delle sfere giganti di metallo bianco

Mi accolgono alla stazione

Sono dei containers

Sfumati alla rosa

 

Solo io penso

Che sono belli

Al fiore della strada

Solo io penso

Che sono in fuga.

 

----------

 

Je perds ma cloche

Et la ville la retrouve

 

Les églises devenues des abattoirs

Les archives étalées des souvenirs en béton frais

Les expulsés habitent dans une mer azul d’Helsinki

Exotique mais pas trop

 

Pour des histoires d’hygiène

Et sécurité

J’ai perdu ma cloche

Et mes clés

 

Ceci n’est pas mon jardin d’enfance

 

Aux prochaines impasses

 

----------

 

Perdo la campana

E la città la ritrova

 

Le chiese divenute mattatoi

Gli archivi spalmati di ricordi di cemento fresco

Gli espulsi abitano in un mare azul di Helsinki

Esotico ma non troppo

 

Per delle storie di igiene

E sicurezza

Ho perso la campana

E le chiavi

 

Questo non è il moi giardino d’infanzia

 

Prossimi vicoli ciechi

 

----------

 

 

Viens

Nous traversons la rue

 

Le ciel brille

De lumière

Dans le fer forgé du lampadaire.

 

Nous traversons la rue

 

On dirait que le destin a foiré

Encore une fois

En face du marché

 

Viens

Nous traversons la rue

 

Comme il devait être beau ici

 

Comme il devait être beau ici

               De t’étreindre dans

                              La brume.

----------

 

Vieni

Attraversiamo la strada

 

Il cielo risplende

di luce

nel ferro battuto del

lampione.

 

Attraversiamo la strada

 

Si direbbe che il destino abbia bucato

Un’altra volta

Davanti al mercato

 

Vieni

Attraversiamo la strada

 

Come doveva essere belle qua

 

Come doveva essere bello qua

               Abbracciarti fra

                              La nebbia.

 

Extraits de Only the city is real / Rachele Gusella – maelstrÖm, 2021 (Bookleg, 101 – Bruxelles se conte )

Photo : Nicolas Burgeff

 

 

 

© Nicolas Burgeff
© Nicolas Burgeff

Biographie

 

Rachele Gusella est une chercheuse et poétesse d’origine italienne, installée en Belgique depuis 2018. Membre du collectif artistique Khaos.corp, elle a monté sa première installation poétique The Smashed Half  en 2019 et a participé aux projets Poetry Jukebox, Lockdown et C.Q.N.S.P. cité qui ne sait parler (2020-2021). Elle a coréalisé l’exposition poétique-visuelle PHILOTIMO, une expérience artistique de géographie humaine en 2020. Only the city is real est son premier recueil de poèmes.

 

 

 

Passionnée de street poetry (Robert Montgomery, Opiemme…), elle en a fait son sujet de thèse de doctorat. Elle travaille pour la VUB et la FWO sur un projet de recherche sur la street poetry et l’engagement politique et social en Europe de l’Ouest.

 

 

 

Bibliographie

 

Only the city is real / Rachele Gusella – maelstrÖm, 2021

(Bookleg, 101 – Bruxelles se conte )

 

Dirty White Honeysuckle = Sale chèvrefeuille blanc : édition bilingue / Lydia Lunch ; traduit de l’anglais (USA) par Frédérique Longrée – maelstrÖm, 2016 – collection compAct, 43

 

Créer, c’est, dans un sens, frôler la mort. Laisser une trace de dérapage. Chier à la face de l’histoire. Confronter la mortalité avec un majeur dressé en l’air, sachant parfaitement que la mort disposera éventuellement de ce corps, mais elle ne sera pas capable d’enterrer complètement les pièces à conviction que cette terroriste de l’art projette de laisser derrière elle.  [Note de l’éditeur]

 

Extrait :

je brille comme une étoile l’animal qui me regarde est ébloui

Une chambre à soi / Virginia Woolf ; traduction de Clara Malraux – 10-18, 2001

 

Je sais, vous m’avez demandé de parler des femmes et du roman. Quel rapport, allez-vous me dire, existe-t-il entre ce sujet et « Une chambre à soi » ?, interroge Virginia Woolf en ouverture d’une conférence sur le féminisme qu’elle dispensera aux étudiantes de l’Université de Cambridge. Avec une irritation voilée d’ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu’à une époque toute récente, les femmes ont été savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, par voie de conséquence, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi.  [Note de l’éditeur]

Fifi Brindacier / Astrid Lindgren ; traduction d’Alain Gnaedig – Hachette, 2007

 

Fifi Brindacier est une petite fille rousse au visage constellé de taches de rousseur, intrépide, joyeuse et dotée d’une force et d’une imagination incroyables. Fille d’un pirate des mers du Sud, elle vit seule dans une grande maison avec son singe et son cheval. Ne connaissant aucune contrainte, elle entraîne ses petits voisins dans des aventures extraordinaires ! [Note de l'éditeur]

 

 

Rachele Gusella a un faible pour la street art et surtout pour les moss graffiti de Anne Garforth & les lights graffiti de Armsrock.

 

 

Coup de coeur Théâtre de Rachele

 

The Lover / Harold Pinter

Comme chaque matin, Richard part travailler dans la City et laisse Sarah, sa femme, dans la maison de banlieue du couple heureux qu'ils forment. Avant de quitter la maison, le mari demande à sa femme, sur un ton qui peut sembler badin, si elle doit recevoir son amant dans la journée. Ce à quoi Sarah répond par l'affirmative. Quand, en matinée, on sonne à la porte, ce n'est pas l'amant, mais un simple vendeur qui s'éclipse aussitôt. Pourtant, l'amant se présente bel et bien dans l'après-midi : il s'agit du mari qui endosse le rôle. Il joue l'amant pour son épouse qui, elle, joue la prostituée pour lui. Tant que le jeu va, le couple semble trouver un équilibre entre aventure et quotidien domestique bourgeois. Or Richard souhaite mettre fin à la prétendue liaison adultère, au grand dam de Sarah qui ne l'entend pas ainsi.