Février 2022
Rachele Gusella
Des sphères géantes en métal blanc m’attendent à la gare
Il y a une gare qui goûte le chocolat ici
Et sa nature est la culpabilité
Des sphères géantes en métal blanc me regardent partir
L’autoroute me parle
À côté
Des aiguilles vertes
En construction
Des sphères géantes en métal blanc
Me chuchotent des mots doux
Il y a un ascenseur ici qui goûtait le café
Et son arôme était aussi fort
Que celui d’un cadavre
Des sphères géantes en métal blanc
M’accueillent à la gare
Elles sont des containers
Nuancés à la rose
Il n’y a que moi qui pense
Qu’ils sont jolis
Aux fleurs de la route
Il n’y a que moi qui pense
Qu’ils sont en fuite.
----------
Delle sfere giganti di metallo bianco mi aspettano alla stazione
Ci sta una stazione che ha il gusto di cioccolato qui
E la sua natura è la colpa
Delle sfere giganti di metallo bianco mi guardano partire
L’autostrada mi parla
Accanto
Le guglie verdi
In costruzione
Delle sfere giganti di metallo bianco
Mi sussurrano delle parole dolci
Ci sta un ascensore qui che sa di caffè
E il suo aroma era forte
Come un cadavere
Delle sfere giganti di metallo bianco
Mi accolgono alla stazione
Sono dei containers
Sfumati alla rosa
Solo io penso
Che sono belli
Al fiore della strada
Solo io penso
Che sono in fuga.
----------
Je perds ma cloche
Et la ville la retrouve
Les églises devenues des abattoirs
Les archives étalées des souvenirs en béton frais
Les expulsés habitent dans une mer azul d’Helsinki
Exotique mais pas trop
Pour des histoires d’hygiène
Et sécurité
J’ai perdu ma cloche
Et mes clés
Ceci n’est pas mon jardin d’enfance
Aux prochaines impasses
----------
Perdo la campana
E la città la ritrova
Le chiese divenute mattatoi
Gli archivi spalmati di ricordi di cemento fresco
Gli espulsi abitano in un mare azul di Helsinki
Esotico ma non troppo
Per delle storie di igiene
E sicurezza
Ho perso la campana
E le chiavi
Questo non è il moi giardino d’infanzia
Prossimi vicoli ciechi
----------
Viens
Nous traversons la rue
Le ciel brille
De lumière
Dans le fer forgé du lampadaire.
Nous traversons la rue
On dirait que le destin a foiré
Encore une fois
En face du marché
Viens
Nous traversons la rue
Comme il devait être beau ici
Comme il devait être beau ici
De t’étreindre dans
La brume.
----------
Vieni
Attraversiamo la strada
Il cielo risplende
di luce
nel ferro battuto del
lampione.
Attraversiamo la strada
Si direbbe che il destino abbia bucato
Un’altra volta
Davanti al mercato
Vieni
Attraversiamo la strada
Come doveva essere belle qua
Come doveva essere bello qua
Abbracciarti fra
La nebbia.
Extraits de Only the city is real / Rachele Gusella – maelstrÖm, 2021 (Bookleg, 101 – Bruxelles se conte )
Photo : Nicolas Burgeff
Biographie
Rachele Gusella est une chercheuse et poétesse d’origine italienne, installée en Belgique depuis 2018. Membre du collectif artistique Khaos.corp, elle a monté sa première installation poétique The Smashed Half en 2019 et a participé aux projets Poetry Jukebox, Lockdown et C.Q.N.S.P. cité qui ne sait parler (2020-2021). Elle a coréalisé l’exposition poétique-visuelle PHILOTIMO, une expérience artistique de géographie humaine en 2020. Only the city is real est son premier recueil de poèmes.
Passionnée de street poetry (Robert Montgomery, Opiemme…), elle en a fait son sujet de thèse de doctorat. Elle travaille pour la VUB et la FWO sur un projet de recherche sur la street poetry et l’engagement politique et social en Europe de l’Ouest.
Bibliographie
Only the city is real / Rachele Gusella – maelstrÖm, 2021
(Bookleg, 101 – Bruxelles se conte )
Coup de coeur poésie de Rachele
Dirty White Honeysuckle = Sale chèvrefeuille blanc : édition bilingue / Lydia Lunch ; traduit de l’anglais (USA) par Frédérique Longrée – maelstrÖm, 2016 – collection compAct, 43
Créer, c’est, dans un sens, frôler la mort. Laisser une trace de dérapage. Chier à la face de l’histoire. Confronter la mortalité avec un majeur dressé en l’air, sachant parfaitement que la mort disposera éventuellement de ce corps, mais elle ne sera pas capable d’enterrer complètement les pièces à conviction que cette terroriste de l’art projette de laisser derrière elle. [Note de l’éditeur]
Extrait :
je brille comme une étoile l’animal qui me regarde est ébloui
Coup de coeur prose de Rachele - 1
Une chambre à soi / Virginia Woolf ; traduction de Clara Malraux – 10-18, 2001
Je sais, vous m’avez demandé de parler des femmes et du roman. Quel rapport, allez-vous me dire, existe-t-il entre ce sujet et « Une chambre à soi » ?, interroge Virginia Woolf en ouverture d’une conférence sur le féminisme qu’elle dispensera aux étudiantes de l’Université de Cambridge. Avec une irritation voilée d’ironie, Virginia Woolf rappelle dans ce délicieux pamphlet comment, jusqu’à une époque toute récente, les femmes ont été savamment placées sous la dépendance spirituelle et économique des hommes et, par voie de conséquence, réduites au silence. Il manquait à celles qui étaient douées pour affirmer leur génie de quoi vivre, du temps et une chambre à soi. [Note de l’éditeur]
Coup de coeur prose de Rachele - 2
Fifi Brindacier / Astrid Lindgren ; traduction d’Alain Gnaedig – Hachette, 2007
Fifi Brindacier est une petite fille rousse au visage constellé de taches de rousseur, intrépide, joyeuse et dotée d’une force et d’une imagination incroyables. Fille d’un pirate des mers du Sud, elle vit seule dans une grande maison avec son singe et son cheval. Ne connaissant aucune contrainte, elle entraîne ses petits voisins dans des aventures extraordinaires ! [Note de l'éditeur]
Coups de coeur Arts plastiques de Rachele
Rachele Gusella a un faible pour la street art et surtout pour les moss graffiti de Anne Garforth & les lights graffiti de Armsrock.
Coup de coeur Théâtre de Rachele
Coup de coeur Théâtre de Rachele
The Lover / Harold Pinter
Comme chaque matin, Richard part travailler dans la City et laisse Sarah, sa femme, dans la maison de banlieue du couple heureux qu'ils forment. Avant de quitter la maison, le mari demande à sa femme, sur un ton qui peut sembler badin, si elle doit recevoir son amant dans la journée. Ce à quoi Sarah répond par l'affirmative. Quand, en matinée, on sonne à la porte, ce n'est pas l'amant, mais un simple vendeur qui s'éclipse aussitôt. Pourtant, l'amant se présente bel et bien dans l'après-midi : il s'agit du mari qui endosse le rôle. Il joue l'amant pour son épouse qui, elle, joue la prostituée pour lui. Tant que le jeu va, le couple semble trouver un équilibre entre aventure et quotidien domestique bourgeois. Or Richard souhaite mettre fin à la prétendue liaison adultère, au grand dam de Sarah qui ne l'entend pas ainsi.