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Octobre 2023

©  Diaana Johari
© Diaana Johari

Haleh Chinikar

 

Je nage

Je nage

Je me berce

dans la paume de tes mains.

La paume de tes mains

·

Il y a une ville

au-delà des haies.

Je t'y retrouverai.

Au-delà des haies

·

La distance est ce qui nous rend vulnérables.

au bonheur et à la douleur,

à la mort et à la naissance.

mais ce qui me fait réellement peur

c'est d'appeler à la maison

et de ne pas avoir de réponse.

Depuis que j'ai quitté la maison

·

Ce matin, je te regardais dormir. Je te regardais dormir, et dans ma tête je m’entendais penser, dans une autre vie, même dans un autre monde, peut-être dans un non-lieu parallèle, j’aurais tant voulu avoir un enfant avec toi. Que cet être serait sublime ! 

Dans cette autre vie-là, je crois avoir eu un enfant avec toi. 

Texte inédit. Extrait de : Journal d’une femme qui ne veut pas d’enfant

Haleh Chinikar / octobre 2023 / Bruxelles 

·

« Nous nous ressemblons très fort, toi et moi. 

Vous et nous. 

Mais nous ne le savons pas, encore.

 

Je n’arrive plus trop à faire la différence entre là-bas et ici.  Je lui ai dit. 

 

Tout devient confus. Absolument tout. J’ai de plus en plus cette phrase en tête : j’ai envie de disparaître. J’ai envie de m’abîmer dans le pendant. De me laisser couler et y demeurer. Je n’ai pas envie de mourir, mais tout simplement disparaître. Dans un pendant. Dans cette expression temporelle. 

 

Tu te rappelles quand je disais que les mots sont légers, qu’ils flottent dans l’air, que les mots prennent du poids à la façon dont on les prononce. Tu te rappelles quand je parlais des mots prononcés, des mots séparés et des mots esseulés. 

 

comme si tu me glissais

entre les doigts

que tu tombais, goutte par goutte

 

Je reviens à moi-même. 

 

On en était où déjà ? »

Texte inédit. Extrait de : Des lettres que je ne vous enverrai peut-être jamais

Haleh Chinikar / octobre 2023 / Bruxelles 

 

Où est ma maison ? 

 

J’ai pris l’habitude de chercher la définition

des mots en français, 

                                                           puis en persan. 

 

Je les tisse ensemble.

 

Je cherche le mot maison. 

 

Maison                                             rhâné

nom féminin

 

Bâtiment d’habitation (immeuble, logement, 

résidence), bâtiment spécialement conçu pour

un seul ou un petit nombre de foyers.

 

locution

À la maison, chez soi. Rentrer à la maison.

 

Maison

                                                           ma maison

 

Je tourne en rond. Je tourne en ronde. J’ignore

la raison. C’est comme une pratique de doute.

Je tourne en rond. En ronde.

 

Où est ma maison ? 

 

Extraits de : Où est ma maison ? / Haleh Chinikar – Éditions La Place, 2021

 

 

©  Anne-Flore Mary
© Anne-Flore Mary

Biographie

 

Haleh Chinikar vit à Bruxelles depuis 2007. Artiste et poète, le corps, la mémoire, le langage et le tissu sont les piliers de ses créations. Elle tisse les mots et les gestes. Dans son travail, l’installation et la performance contribuent à une expérience partagée avec le public. Suite aux révoltes qui débutent en septembre 2022 en Iran, elle co-fonde M-A collective, un collectif de performeuses iraniennes. Elle performe à la fois dans son collectif et dans ses créations individuelles. 

Bibliographie

 

Où est ma maison ? / Haleh Chinikar – Éditions La Place, 2021

 

Relation / Alexis Alvarez - L’Arbre à paroles, 2023 - Collection If

 

Un couple se défait dans la nuit madrilène. Resté seul, le narrateur se remémore les instants partagés, récolte les cendres de ce qui a été, tente de donner corps à des souvenirs endoloris. Des fragments de la relation achevée viennent s’échouer dans le quotidien de celui qui reste, comme des emballages vides transportés par le vent. À l’instar du périple bien réel de Francisco de Orellana sur l’Amazone, les contours du deuil se révèlent toujours insaisissables, sans début ni fin, sans ligne de démarcation claire. La relation revêt alors un nouveau sens, celui d’un récit visant à restituer l’expérience sans tricher, sans masquer ses côtés les plus glauques, mais sans rien effacer de la tendresse qui demeure malgré tout. On retrouve, dans Relation, le style alerte d’Alexis Alvarez, l’ironie de ses métaphores et sa saisie ultra-contemporaine du monde. Car l’amour dont il est question ici est un nouvel amour, l’amour au temps de la vitesse, au temps de la consommation et de l’oubli, un amour comme un aboutissement vertigineux de la solitude, à une époque où tout s’achète et tout se vend. « Nous, justement, on n’a rien créé. C’est dommage que notre relation n’ait pas accouché de quelque chose de tangible. Un calendrier de l’avent, un bricolage branlant, un jardin japonais en pot. N’importe quoi, mais un sanctuaire où je pourrais nous prier. »

 Traverser les murs / Marina Abramovic  - Fayard, 2017

 

En 2010, plus de 750 000 personnes se sont pressées au Museum of Modern Art de New York pour avoir la chance d'assister à la performance célébrant les cinquante années de carrière de Marina Abramovic. Traverser les murs, récit saisissant, épique et d'un humour impitoyable, raconte comment une jeune femme élevée par une mère folcoche, qui a grandi dans la Yougoslavie communiste de Tito, est devenue, en quelques décennies, une icône mondiale de l'art contemporain. En repoussant les limites du corps humain, la peur, la douleur, la fatigue, dans une quête sans compromis de transformation émotionnelle et spirituelle, Marina Abramovic, qui compte parmi ses admirateurs Lady Gaga et Jay-Z, a révolutionné l'art de la performance, devenant l'une des plus importantes inspiratrices de l'esthétique de la pop culture au XXIe siècle.

Petit éloge du désir / Belinda Cannone - Gallimard, 2013

 

 «Un jour que tu devais rejoindre un amant désiré (tu te trouvais sur une île), pour passer quarante-huit heures avec lui, le temps a été si mauvais qu’aucun bateau ne partait. Tu peux mobiliser des ressources insoupçonnées lorsque ton désir est menacé par les circonstances : tu as réussi aussitôt à trouver un petit avion privé pour franchir la mer qui vous séparait. Le pilote amateur, enchanté d'avoir une raison de voler, ne t’a réclamé que le prix de l’essence. Ce souvenir te ravit toujours : tu te reconnais bien dans cette extrême et soudaine efficacité qui te permet de trouver un avion pour ton désir.»

 

 Ma mère rit / Chantal Akerman - Mercure de France, 2013

 

« Au début c’était un cataclysme avec de la brûlure et de l’exaltation. Des mots, toujours les mêmes sans cesse répétés. J’ai fait connaissance avec les mots d’amour d’une langue ancienne. J’ai tant parlé. J’aurais pas dû. Oui, je revivais. J’arrêtais de voir ma mère mourir. J’arrêtais de ne pas vivre. Il y avait de la vie en moi. Toute une vie. Une pleine vie.”

Dans cet autoportrait écrit à vif, dans la brûlure, l’intensité et la crudité du quotidien, Chantal Akerman nous confie pour la première fois la matière même de toute son oeuvre, de toute sa vie. Depuis son premier court-métrage, à dix-huit ans, Saute ma ville (1968) et ses premiers films, Je, tu, il, elle (1974) ou le film Jeanne Dielman (1975) avec Delphine Seyrig, jusqu’à son dernier film librement réalisé à partir du roman de Conrad en 2012, La folie Almayer, en passant par ses installations et ses carnets de voyages, films documentaires en Russie, à New York ou dans les pays de l’Est, elle n’a jamais cessé de décrire l’enfermement, la repetition avec l’autre, le désir d’un ailleurs, le vertige de la folie. Ma mère rit est une magnifique plongée dans le coeur, le rire, les joies et les blessures de Chantal Akerman.

 

 

Triptych : The missing door, The lost room and The hidden floor – Peeping Tom

 

Les personnages de Triptych : The missing door, The lost room et The hidden floor évoluent dans des espaces dont ils ne peuvent s’échapper. À la recherche d’un idéal, avec leurs rêves et leurs espoirs, ils semblent ici perdus, errant dans un labyrinthe macabre et mystérieux, entre la réalité et leurs pensées, guidés par des forces naturelles qui les mènent vers un destin incertain. Gabriela Carrizo et Franck Chartier créent un monde inquiétant, sombre et fermé – typique du travail de Peeping Tom. Cependant, ils vont plus loin, utilisant les mouvements comme point de départ pour que les danseurs deviennent de vrais personnages. Cette approche conduit à un langage unique et extrême de mouvement et de performance. Chaque pièce de cette trilogie a son propre cadre unique, tel un décor de cinéma. The missing door évoque un salon ou un couloir plein de portes qui ne s’ouvrent pas. L’action dans The lost room se déroule dans une cabine de bateau, et se concentre sur le monde intérieur des personnages. The hidden floor a lieu dans un cadre public, un restaurant abandonné, repris par la nature. Les changements scéniques entre les pièces se font à vue et font partie de la performance, tel le montage en direct d’un film. Dans cette création, Peeping Tom imagine les trois pièces courtes et les adapte des pièces créées par Gabriela Carrizo et Franck Chartier entre 2013 et 2017 avec le Nederlands Dans Theater.

The Köln Concert – Keith Jarrett

 

The Köln Concert est un album du pianiste de jazz américain Keith Jarrett, publié en 1975 chez ECM. The Köln Concert est l’enregistrement d’un concert entièrement improvisé donné par le pianiste à l’Opéra de Cologne. Il s’agit de l’album le plus connu et reconnu de Jarrett, ainsi qu’un album important dans l’histoire du jazz. Avec à peu près 4 millions d’exemplaires, c’est l’album de jazz en solo et l’album de piano qui s’est le mieux vendu. Au moment de la sortie du Köln Concert, le monde du jazz est alors en pleine vague de jazz fusion et de free jazz. Jarrett, avec un simple piano acoustique, apporte de la simplicité, du lyrisme, ainsi qu’une approche de l’improvisation révolutionnaire. Jarrett base son improvisation sur de petits motifs, un jeu rythmique et des ostinatos. À cause des limitations du piano, Jarrett se concentre sur le registre medium, et compense les faiblesses dans le grave par des figures rythmiques répétitives. 

 

 Dance in fire – Kako Band

 

Kako Band est un groupe iranien de Fusion intégrative et vocale de nouveau style. En 2013, Kako Band a produit et sorti son premier album intitulé Invite. Le groupe a également interprété la bande originale de l’émission télévisée iranienne Aspirin intitulée Fall. Ils chantent en idioglossie et/ou en conlang.