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PHILIPPE BOUILLON

Du 16 novembre au 17 décembre 2011

Exposition
Philippe BOUILLON

"Tout est possible"

Vernissage le mardi 15 novembre 2011 à 18h30

Exposition du mercredi 16 novembre au samedi 17 décembre 2011.

Accessible le mercredi de 15 h à 18 h, le samedi en présence de l'artiste de 14 h à 17 h

TOUT EST POSSIBLE

Philippe Bouillon travaille depuis 2010 autour de la thématique de la maison. Certains y voient les petites maisons des plages, d'autres l'hôtel du Monopoly ou encore le lieu des possibles.La volonté est ici de se rattacher à une forme simple, une ligne d'horizon, en de multiples variations de forme, de couleur, de lumière.La peinture dans toute sa simplicité, amie et refuge temporaire.

PHILIPPE BOUILLON

peintre - dessinateur - auteur d'installation

En 1993 Philippe est licencié en arts plastiques à l'ESAPV de Mons.Lors de son jury de fin d'étude, Laurent Busine apprécie son travail et lui propose de participer à "Quelques Histoires" au Palais des Beaux Arts de Charleroi.

En 1994, il participe au Prix de la Jeune Peinture Belge et remporte le Prix Crowet. Il expose ensuite régulièrement en Belgique ainsi qu'à l'étranger.

En 2000, il est contacté pour enseigner en qualité de professeur de Pratique de la Couleur dans les ateliers de dessin et de peinture à l' ESAPV de Mons.

De 2000 à 2009, il réalise une série d'installations mélangeant arts plastiques et musique, sa deuxième passion, au PASS à Frameries, au Grand Manège de Namur et à la Maison Folie de Mons.

2010 est l'année du retour à la peinture, il réalise les séries "Tout est possible" autour de la thématique de la maison.

Ces séries ont été présentées à la galerie Espace Blanche de Bruxelles en avril 2011, au centre culturel régional de Verviers en octobre et à la galerie 360° de Braine-l'Alleud en Novembre 2011.

Cet été Philippe fût aussi pour la première fois commissaire d'exposition pour EXP' ART de Falaën, réunissant 16 artistes. Un catalogue de 64 pages a été édité avec les textes et photographies des œuvres réalisés par l'artiste.

Plus d'infos sur le site www.philippebouillon.be

Extraits de presse

LE MIRAGE BLEU ROUGE

L'apesanteur est rouge. On ne s'en douterait pas à la voir au repos. C'est qu'elle est hypocrite. Elle laisse croire qu'elle a pris la couleur de la honte. Mais il s'agit pour elle de cacher son jeu. Le jeu qu'elle a décidé de pratiquer avec son rival, l'espace, le bleu. Celui qu'on baptise habituellement azur et océan. Celui sensé maintenir sur une toile toutes choses en leur place, là où les prunelles sont habituées à les voir.

Celui aussi qui régit la luminosité des lieux. Il est à sa façon aussi sournois que le rouge. Car il s'arrange pour donner tour à tour l'illusion de l'aube ou de la nuit, sachant que dès l'obscurité tombée, n'importe quoi devient possible même si le regard n’en croit pas ses yeux.

Le bâtiment le plus élémentaire de l’architecture occidentale traditionnelle se trouve dès lors contraint d’incarner (n’est-ce pas là une des nuances de l’incarnat ?) l’immeuble à étages multiples autant que le pion des capitalistes familiers du Monopoly, l’habitat élémentaire du prolétaire autant que le pied à terre côtier de l’actionnaire en mal de résidence secondaire. Peut-être même, sait-on jamais, un avatar pictural de l’arche biblique de papa Noé. 

Alors le rouge et le bleu s’épousent. Ils copulent sous des pinceaux. Ils enfantent la mi-nuit et le mi-jour, périodes durant lesquelles le réel se pare des flous artistiques du rêve, des flous propres aux étendues désertiques reflétant des chimères. L’ensemble demeure (n’est-ce pas là une des dénominations de la maison ?) réel sans en assumer les carcans. Alors que le rouge est mis, le reste passe au bleu. Alors que le monochrome semble ne croire qu’en lui-même, le bicolore impose une dualité fusionnelle, celle paradoxale d’un bleu en fusion, d’un bleu qui se consume en rougeoyant intérieurement.

Michel Voiturier

MAISON SOLEIL, MAISON COEUR

Les toiles de Philippe Bouillon installent une longue ligne d’horizon, ligne de partage entre ténèbres terrestres et célestes, dans ces instants crépusculaires et magiques où une profonde lumière bleue les imprègne et les trame. Ligne de partage et tout autant de rencontres, de mélange, le haut glisse dans le bas, le bas s’évapore vers le haut. Ligne de passage, on passe forcément de l’autre côté. Jeu de miroir entre le gouffre cosmique et l’abysse terrestre qui, autour du trait le plus minimal – une ligne abstraite, l’idée d’une ligne puisque la ligne d’horizon n’existe pas -, donne cette impression d’infini bleuté et d’indéterminé. Cette ligne imaginaire apparaît dans sa nudité complète car tout ce qui, d’ordinaire, en empêche la vision et la réception, a été retiré, écarté, effacé. Tout ce que l’homme invente pour se convaincre d’habiter l’espace et réduire la distance entre lui et l’horizon a été escamoté. Retour au vide et au vivant conçu comme une page blanche, vierge. C’est le levant ou le couchant, le levant et le couchant à la fois, ces instants où, en général, le soleil est rouge sang et se laisse presque regarder. Cette couleur de soleil rouge sang, rouge coeur est bien là, irradiant une forme qui n’est pas celle de l’astre mais celle de maisons. Ce n’est pas une substitution pure et simple, c’est du soleil rouge cœur en forme de maisons. Des idées de maison, elles me font penser aux pièces en bois des anciens Monopoly (Michel Voiturier a la même idée dans son texte d’introduction à l’exposition) qui se seraient affranchies des jeux qui lient " maison " à " terrain " et " argent " pour coloniser l’invisible, l’impalpable. Elles sont plantées ou elles lévitent là où on ne s’attend pas à voir rayonner une maison et pourtant, impossible de les déplacer, de les imaginer ailleurs. Elles poussent où elles veulent, sans rien figer, les fondations sont avant tout mentales, spirituelles et faites de désirs, en mouvement. Ce sont des maisons couchantes ou levantes, comme le soleil. On peut leur attribuer la faculté de franchir la ligne d’horizon, disparaître et revenir, en cycle. Ce n’est pas de la brique. Elles s’allument ou s’éteignent selon l’ouverture des possibles. Elles ne sont ni ternes ni passives, elles travaillent comme le cœur à pomper et propulser le sang virtuel des rêves, sans limites, pour continuer à imaginer trente-six mille manières d’habiter l’univers. Elles pulsent le désir d’habiter ailleurs, autrement, de repenser l’hospitalité humaine dans le vivant, en finir avec les logiques de possession et d’exclusion, de territoires, de prix au mètre carré. Ce sont des maisons sans territoire. Apprendre à dessiner une maison est un apprentissage incontournable, un passage obligé dans la formation de nos personnalités. Ça ne veut pas dire pour autant que cela nous prédestine tous à devenir propriétaire : dessiner une maison c’est réfléchir à ce qui nous structure, notre architecture parmi celle des autres. Le rouge intense et lumineux des maisons de Philippe Bouillon est aussi très " indien ", il est celui du " pigment rouge que les hindous déposent sur le front en guise de troisième œil, l’œil intérieur, celui de la connaissance de soi et de la sagesse. " (Caroline Naphegyi, Art Press). Dessiner sa maison comme exercice de connaissance de soi, ce sont des maisons qui regardent en nous. C’est une idée toute simple qui prend de la force d’être ainsi déclinée en série. Les peintures acryliques de Philippe Bouillon sont denses et légères, essentiellement vibrantes et illuminées. De ces vibrations et harmoniques entre ténèbres et " rouge maison " utopiste, même s’il y a inversion quant à la couleur de l’atmosphère et celle de la construction projetée dans le rêve intemporel d’habiter quelque part au mépris des lois de propriétés, c’est la musique d’une chanson précise qui se met à chantonner en moi chaque fois que je repense aux toiles de Philippe Bouillon : " C’est une maison bleue accrochée à la colline... ", pas exactement la chanson de Maxime Le Forestier dans ses contours exacts, scie d’une époque particulière, mais tout ce qu’elle évoque et met en musique par répercussion, concordance, un halo, une idée musicale qui élargit ses cercles mélodiques jusqu’au sans fin...

Pierre Hemptinne